Laurent LECLERC a 21 ans en 1913. Il est appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire au 120e régiment d’infanterie de Péronne. Il n’aura jamais l’occasion de découvrir cette ville. Le jour de son incorporation, le 9 octobre 1913, le régiment quitte son casernement pour aller s’installer à Stenay, dans la Meuse, à quelques kilomètres de la frontière belge. Contrairement à l’optimisme affiché des journalistes, la guerre est à nos portes. Il faut renforcer la défense à nos frontières de l’Est.
Laurent LECLERC est peintre, dans le civil. Il habite à Wiry-au-Mont, village de 244 habitants, situé entre Airaines et Oisemont, dans la Somme. Ce petit village a la chance de posséder une gare de voyageurs, sur la ligne reliant Gamaches à Longpré-les-Corps-Saints. C’est cette voie qu’il empruntera pour rejoindre Amiens, puis sa destination finale dans la Meuse, le 9 octobre 1913.
Henri DUPONT, un jeune maçon de Wiry-au-Mont, le rejoindra quelques jours plus tard, le 23 novembre.
Laurent participera, avec son régiment, aux premiers combats de la Grande guerre. Le 22 août 1914, c’est dans la plaine du Radan, à Bellefontaine (Belgique), qu’il verra tomber plusieurs centaines de jeunes hommes, originaires de la Somme comme lui, et qu’il perdra le contact avec des centaines d’autres, blessés et emmenés comme prisonniers en Allemagne.
Puis continuera le terrible parcours des « survivants » des premiers combats : retraite de l’Armée française ; blessure par balle le 27 août à Noirmont (Marne) ; évacué pour être soigné et revient au front ; blessé à nouveau le 28 février 1915, à Mesnil-les-Hurlus ; évacué pour être soigné et revient une nouvelle fois ; blessé encore le 5 juillet 1917, dans l’Aisne, à Aizy. Ce sera la dernière évacuation. Après des mois de soins, il reviendra au front, le 23 février 1918, pour continuer les combats avec le 1er régiment d’infanterie coloniale, dans lequel il vient d’être transféré. Fortement handicapé, il n’est pourtant pas réformé définitivement. Il ne le sera que le 2 août 1919. Bien après l’armistice !
Laurent LECLERC est mort le 2 avril 1921, à Amiens, à l’âge de 28 ans. Des suites de ses blessures de guerre ? Très probablement, même si nous ne pouvons l’assurer. Il est possible également que la grippe espagnole ou une autre terrible maladie ait profité de son état de faiblesse. Comme pour beaucoup d’autres.
Son nom ne figure sur aucun monument aux morts. Il n’est pas « Mort pour la France »…
Henri DUPONT suivra un parcours similaire et sera blessé à plusieurs reprises. Fortement handicapé, notamment au niveau pulmonaire (gaz ?), il ne sera définitivement éloigné des combats qu’en août 1918. Il survivra. Survivant mais pas indemne. Il devra attendre plus de vingt ans avant d’être définitivement démobilisé. La cause invoquée ? « Tuberculose pulmonaire bilatérale »…
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