Odile GERVOISE de Braches

Charles Gabriel Odile est né il y a 130 ans, le 27 avril 1895, à Braches, commune rurale de la Somme avec 74 ménages pour 241 habitants en 1881, à une petite dizaine de kilomètres de Moreuil.

La famille GERVOISE vient de Remiencourt et également de Sains-en-Amiénois, communes proches de Braches, tandis que du côté de la mère Ernestine DORBAIS, cette famille vient de la Seine-et-Marne, du village de Chalmaison.  

Braches est un petit village construit dans la vallée de l’Avre, avec ses cultivateurs et ses journaliers qui travaillent pour eux, suivant les saisons et les travaux des champs, comme Abel GERVOISE, le père d’Odile et son grand père Alfred. La ligne de chemin de fer Amiens-Compiègne passe à Braches.

En 1906, M. MARCY est garde sémaphore aux Chemins de fer du Nord et sa femme, garde barrière. En 1906 et 1911 c’est M. DACHEUX, l’instituteur, qui apprend aux enfants l’orthographe, le calcul, l’histoire et la géographie.

A Braches, il y a aussi le château de Filescamp qui appartenait à la famille DE BEAUREPAIRE DE LOUVAGNY. Filescamp est un lieu-dit sur le territoire de Braches, comprenant un château et sa ferme.

En aout 1918, le village se trouve dans la zone de combat après l’offensive des allemands et la contre-attaque des alliés. Braches est en partie détruit, l’église et le château également.

Le père, Abel, a 27 ans à la naissance d’Odile. Avec sa femme Ernestine, ils auront neuf enfants.

En 1906, les parents vivent avec cinq garçons et une fille, en 1911, il y a un garçon en plus, né en 1910. Un autre naitra en 1912, et après la guerre, le dernier en 1919.

Huit garçons et une fille, une belle famille qui a l’avenir devant elle… 

En 1911, Abel et Alfred, l’aîné des premiers garçons, sont employés à la Compagnie du Nord, Odile et Lucien travaillent à la cartonnerie MINGUET et AZOEUF de Contoire-Hamel. Lucien, le troisième garçon n’a alors que 14 ans !

A sa naissance, Odile a déjà un grand frère nommé Louis Eugène Alfred comme le grand père. Né en mars 1894, c’est le prénom Alfred qui est choisi lors des recensements de 1906 et 1911.

Ouvrier mineur à Sallaumines (Pas-de-Calais), Alfred est déclaré bon pour le service armé en 1914.

Incorporé le 1er septembre de la même année, au 120ème Régiment d’Infanterie de Péronne, il ne le rejoindra que le 16 septembre, car le régiment s’est rapproché, depuis octobre 1913, de la frontière de l’Est, à Stenay (Meuse).

La guerre a déjà commencé et ce régiment a été décimé dans une des premières batailles en Belgique, le 22 août à Bellefontaine.

Alfred ne restera que quelques mois au 120ème, sûrement pour faire son instruction. Il passe au 2ème Régiment de Zouaves en mai 1915.

Blessé le 18 juillet 1916 à Maurepas (Somme), il reste plusieurs mois à l’hôpital. Il est gravement atteint au bras droit qui restera atrophié, et à la jambe droite qui sera en partie amputée.

Une citation à l’ordre du régiment lui sera attribuée pour sa belle attitude en ce mois de juillet 1916.

Déclaré inapte en septembre 1917, il retourne chez ses parents à Braches. Il obtient une pension de 663 francs puis de 2160 francs en 1921.

En 1918, la famille déménage à Mirebeau dans la Vienne, à cause de l’offensive allemande, le dernier enfant Lucien Odile Désiré y naitra.

Alfred décèdera le 26 septembre 1927 à Versailles. Il avait 33 ans.

Odile qui est plus jeune d’un an, est incorporé au 45ème Régiment d’Infanterie le 16 décembre 1914 pour sa période d’instruction, puis passe au 21ème, le 5 juin 1915.

Blessé le 12 novembre 1915 pour contusions multiples suite à un éboulement dans un boyau, il est évacué.

Affecté à son retour, au 109ème Régiment d’Infanterie le 2 août 1917, il sera intoxiqué par les gaz le 20 octobre.

Evacué du front le 26 août 1918 pour maladie contractée en service, il décède à l’hôpital de Joinville dans la Haute-Marne, le 26 février 1919, trois mois après le 11 novembre 1918.

Odile allait avoir 24 ans.

Son corps, d’abord inhumé près de l’hôpital, sera ensuite déplacé dans la Nécropole Nationale de la Ferme de Suippes, tombe 2113.

C’est le prénom Charles qui sera gravé sur sa croix et non Odile. 

La transcription du décès sera envoyée à la mairie de Braches le 27 février 1919.

Le troisième fils, Lucien né en 1897 est incorporé en janvier 1916 au 91ème Régiment d’Infanterie, il passe au bout d’un an au 119ème. Il est tué au Chemin des Dames le 7 juillet 1917. Il avait 20 ans. Sa tombe n’est pas encore connue à ce jour.

Le quatrième garçon, Fernand né en avril 1899, est garçon boulanger. A ses 18 ans, il s’engage pour 4 ans à la mairie d’Amiens en décembre 1917, incorporé au 84ème puis au 83ème Régiment d’Artillerie Lourde, il est réformé pour raison médicale le 18 décembre 1918.

Dans les victimes ‘’Mort pour la France’’ à Braches, est inscrit sur le Monument aux Morts : LESCOT Alphonsine, la grand-mère des frères GERVOISE, c’est une victime civile comme trois autres sur ce monument.

Dans la famille GERVOISE, leur oncle Georges né en 1874, effectue son service militaire à partir de novembre 1895 pendant trois ans au 51ème Régiment d’Infanterie.

Rappelé le 13 aout 1914 au 291ème, il changera trois fois de régiment territorial avant d’être mis en disponibilité en janvier 1919. Il s’était marié avant la guerre et a eu une fille Thérèse.

Leur cousin Jérasime, né en 1888, est exempté de 1909 à 1917 pour bronchite spécifique.

En 1917, les besoins sont si importants qu’il sera, malgré tout, affecté au 72ème Régiment d’Artillerie Lourde le 21 juillet.

A cause de sa maladie, il sera muté quelque temps après, dans une usine de réparation agricole à Amiens, jusqu’en mars 1919. Jérasime est décédé à Amiens en janvier 1964.

Tous les jeunes du village, tués au cours de cette guerre ont leurs noms inscrits sur le Monument aux Morts et sur une plaque commémorative située dans l’église de Braches.

Deux enfants nés à Braches en 1895 comme Odile, ont survécu à la guerre.

Louis Arnold BAUDHUIN est parti le 16 décembre 1914, d’abord au 9ème Bataillon de Chasseurs à Pied et ensuite dans différents régiments.

Blessé à Verdun en 1917, il est mis en congé illimité en avril 1919, puis affecté aux chemins de fer du Nord. Il décèdera en 1972 à Lens.

Louis Gabriel CAVILLON, caporal au 208ème Régiment d’Infanterie en novembre 1916, est porté disparu depuis le 15 février 1917 à Massiges (Marne), mais il a été fait prisonnier à Ripont (Marne) et interné en Allemagne, au camp de Limburg. Affaibli par les mauvaises conditions dans les camps d’internement, il décèdera en avril 1923.

Citation à l’ordre du Régiment, croix de guerre avec étoile de bronze, Louis Gabriel n’a pas eu l’honneur d’être inscrit sur le Monument aux Morts de Braches.

En 2024, la famille GERVOISE a demandé à l’Office National des Combattants, la possibilité d’ajouter le nom de l’aîné de leurs garçons, sur le Monument aux Morts de Braches.

Au vu des circonstances de sa mort et de ses blessures, cette requête a été autorisée, et le nom de GERVOISE Louis (pour Alfred) a été inscrit, ainsi que celui de son frère Charles.

Danièle REMY – Didier BOURRY – Lionel JOLY

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2 commentaires sur « Odile GERVOISE de Braches »

  1. Merci pour ce beau parcours .La famille va être très contente. Continuez de faire vivre ces jeunes qui ont été fauchés ou handicapés.

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