
Albert THIEBAULT est né en 1861 à Agenvillers rue du Bout de la ville, petite commune d’environ 380 habitants, à une quinzaine de kilomètres au nord d’Abbeville.
À Agenvillers, il existe tous les métiers pour subvenir aux besoins de la population, menuisier, coquetier, cordonnier, bourrelier, maçon comme la famille THIEBAULT et avec évidemment, au moins trois débitants de boissons. Plusieurs hommes sont ouvriers phosphatiers à Domvast.
En 1881, Albert a 21 ans, il habite encore avec ses parents et son frère Arsène. Il exerce le métier de maçon comme son père Lucien.
Au hasard de ses chantiers et des fêtes de village, il rencontre Aurélie HEROUARD qui habite à Domvast, rue Pierre Hecquet. C’est une petite commune à 3 ou 4 kilomètres d’Agenvillers, avec également 380 habitants. Aurélie est cultivatrice avec ses parents, les deux jeunes se plaisent et décident de se marier, la cérémonie a lieu en avril 1887 à Domvast, lui a 25 ans et Aurélie a déjà 34 ans.
Arsène THIEBAULT, le frère d’Albert, Edouard THIEBAULT, l’oncle, et aussi René HEROUARD, oncle de la mariée, sont témoins. Ils sont tous maçons.

Un premier garçon ne tarde pas à arriver. En janvier 1888 naît Maxime. Cinq ans après, c’est Marcel qui voit le jour le 6 avril 1893, c’était il y a 132 ans aujourd’hui.
Le couple habite à Domvast, ici aussi il y a des métiers très variés comme phosphatiers, tueur de porcs, maçons, il y a aussi une entreprise de terrassiers nommée DUCEUX, plus de vingt ouvriers y travaillent.

Albert trouve du travail facilement, comme maçon. Aurélie a perdu son père en 1890, mais elle continue à travailler à la ferme avec sa mère. Les enfants Maxime et Marcel vont à l’école communale avec Monsieur HAUTBOUT qui instruit une trentaine de bambins.
Malheureusement Albert, leur père, décède en mars 1898 à 36 ans. Aurélie reste à la ferme avec ses deux fils et sa mère Ursule. En 1906, Maxime est devenu cultivateur et travaille avec sa mère, Marcel le rejoindra quelques années plus tard.
Maxime, classe 1908, est incorporé en octobre 1909 au 148ème Régiment d’Infanterie à Givet (Ardennes) et libéré en septembre 1911.

Il se marie en mars 1913 avec Léa NOYON à Domvast. Avant leur mariage était née une fille, Thérèse, en septembre 1912, qui sera reconnue lors de leur union. En décembre 1913 naitra un garçon nommé André, et son deuxième prénom sera Marcel comme son oncle.
Le 3 août 1914, il doit rejoindre le 128ème Régiment d’Infanterie, où il avait accompli une période d’exercice en 1913. Il va combattre en Belgique, puis sur la Marne. Il sera tué le 6 mars 1915 pendant les combats de la Ferme de Beauséjour dans la Marne.

Il avait 27 ans et laisse une jeune veuve de 25 ans avec deux enfants en bas âge.
Maxime a reçu la croix de guerre avec étoile de bronze.
En 1913, son frère Marcel a 20 ans, il passe devant le conseil de révision, et en fin d’année part rejoindre le 72ème Régiment d’Infanterie à Amiens à la caserne Friand. Il a peu de temps pour bien s’entrainer, la guerre est déclarée. Il participe à sa première bataille à Virton en Belgique, le repli se poursuit par Buzancy (Ardennes), le 72ème forme l’arrière garde de la IVème Armée jusqu’au 5 septembre, où il se positionne près de Pargny-sur-Saulx (Marne) le long de la ligne de chemin de fer reliant Vitry-le-François à Bar-le-Duc. Puis commence la guerre des tranchées, les armées s’enterrent. Des attaques et des contre-attaques déciment petit à petit les compagnies et les régiments.

Marcel est tué le 6 avril 1915 au combat de Maizeray (Meuse), le jour de ses 22 ans, juste un mois après son frère Maxime.
Il y a de çà 110 ans aujourd’hui.
La mairie de Domvast est officiellement avertie des décès de Marcel, le 25 juin 1915, et le 9 aout 1915 de celui de Maxime.
Aurélie leur mère, veuve depuis 1890, vient de perdre ses deux seuls fils, elle reste seule dans sa ferme à Domvast jusqu’après 1926. Elle vivra près de sa belle-fille Léa, la femme de Maxime et ses deux petits-enfants, Thérèse et Albert, qui lui aura trois enfants et cinq petits-enfants.

Dans la rue où la famille THIEBAULT habite il y a aussi la famille PATRY.
Achille PATRY et son épouse Marthe, née HECQUET, tous deux agriculteurs, ont déjà onze enfants en 1906, deux autres nés en 1907 et 1909 compléteront la fratrie. Tous ces voisins jouent ensemble et vont sur les mêmes bancs d’école.
Les deux premiers garçons, Oscar né en 1892, ouvrier agricole, et Cyrille, domestique de ferme, né en 1893, partent également à la guerre, le premier au 128ème Régiment d’Infanterie d’Abbeville, avec son copain Maxime THIEBAULT, et le deuxième au 89ème Régiment d’Infanterie caserné en région parisienne.
Oscar est tué le 13 septembre 1914 à Maurupt-le-Montois (Marne) lors de la première bataille de la Marne.
Cyrille est déclaré « Mort pour la France« le 29 avril 1915 à l’ambulance N°5 de Clermont-en-Argonne (Meuse) des suites de maladie contractée au service.

Les parents PATRY viennent de perdre leurs deux premiers fils, ils n’avaient pas 22 ans.
Les deux THIEBAULT et les deux PATRY sont inscrits sur le Monument aux Morts de Domvast, dans le cimetière communal.

Oscar et Cyrille PATRY reposent au cimetière communal.

Les autres enfants PATRY sont soit des filles, soit des garçons trop jeunes pour être appelés. Un des derniers garçons décède en 1922 à 21 ans, encore une douleur importante pour les parents.
Pour une population de 280 habitants en 1911, à Domvast, 7 sur les 16 morts à la guerre de 14-18 l’ont été dans les cinq premiers mois de guerre.
Danièle REMY – Didier BOURRY – Lionel JOLY
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