Georges LECLERCQ de Ailly-le-Haut-Clocher

Le 17 janvier 1894, à Ailly-le-Haut-Clocher, Joseph LECLERCQ, cultivateur de 35 ans, épouse Alfrédine LERICHE, cultivatrice de 21 ans. Ils sont tous deux originaires du village où ils ont passé leur jeunesse. Le mariage de ces deux Aillacois va engendrer une ferme de plus grande envergure.

Et si une descendance masculine poursuivait l’entreprise familiale …

 Aussi, quand Georges André Joseph LECLERCQ naît le 23 mars 1895 à deux heures du matin au domicile de ses parents, leur souhait est exaucé. Il est déclaré à la mairie d’Ailly-le-Haut-Clocher le 24 à huit heures du soir, en présence de l’instituteur Ernest DANGREVILLE et Eugène CAUMARTIN, bourrelier au village.

 L’instituteur, a réalisé trois ans plus tard la monographie du village, chef-lieu de canton. On apprend dans cette reliure que près de 1000 habitants y résident, dont plus de 200 à Alliel, hameau tout proche et moins de 200 à Famechon, autre hameau situé à 300m à l’Est du bourg.

Le terme Haut clocher proviendrait de la flèche du clocher qui servit aux académiciens, pour dresser la carte de France Cassini vers 1760.

Les 2/3 des terres agricoles sont occupées par les céréales, le reste par des plantes fourragères, betteraves et pommes de terre.  80 ouvriers travaillent à l’usine de confection de boutons en nacre, on les appelle des boutonniers.

La route à grande circulation dite nationale, qui relie Amiens à Abbeville traverse le village d’Est en Ouest. A l’entrée du village sur la Rue Nationale, la gendarmerie est commandée par le chef Valery DESBIENDRAS, accompagné de quatre gendarmes et leurs familles.

En 1906, la famille Leclercq habite rue de Long, Joseph et Alfrédine, qui n’ont qu’un fils Georges (ou Joseph selon les écrits), sont des agriculteurs importants, 2 domestiques travaillent à la ferme et logent sur place. Plus tard, Georges deviendra également chef de l’exploitation agricole et succèdera à son père. Il faut un bon niveau d’instruction pour gérer une ferme. Il va à l’école communale de Monsieur Arsène FILLIEUX qui a succédé à Monsieur DANGREVILLE, les bases sont assurées.

Joseph décède le 28 mai 1911, Alfrédine doit gérer seule la ferme familiale, et Georges est encore un adolescent, ils sont aidés par Alfred HERICOTTE, leur domestique.

Trois ans plus tard, début 1914, Georges est convoqué au conseil de Révision à la mairie d’Ailly, il est déclaré bon pour le service et va devoir abandonner son métier d’agriculteur. La guerre a déjà commencé et les jeunes recrues sont appelées à renforcer les effectifs déjà fort démunis après les premiers mois du conflit.

Georges est incorporé au 73ème Régiment d’Infanterie où il arrive le 18 décembre 1914. Il passera Noël loin de chez lui, loin de sa mère, de son village, de sa ferme.

Le 73ème Régiment d’Infanterie tenait garnison dans le Pas de Calais avant la guerre, soit à Béthune, soit Aire-sur-la-Lys ou Hesdin.

Son instruction terminée au bout de 4 mois, il est muté au 108ème Régiment d’Infanterie.

Le régiment originaire de Bergerac (Dordogne) a participé aux différentes batailles du début de la guerre, dont la Bataille des frontières au mois d’août en Belgique, la Bataille de le Marne en septembre, puis la Champagne depuis octobre 1914 ; Joseph y est affecté le 24 avril 1915. Le 108ème, qui a combattu au mont Cornillet dans la Marne, vient d’être relevé et transféré avec ses nouvelles recrues vers Pagny-sur-Meuse (Meuse).

Après l’organisation de tranchées en Meurthe-et-Moselle au Sud de Metz, le régiment est dirigé à l’Ouest de Toul à la mi-juin.  Puis, il arrive dans la Somme et sera mis au repos à Bertangles (au Nord d’Amiens).

Le 19 juillet, stationné près de Doullens, il arrivera le 23 à l’Ouest d’Arras. Le 108ème relève le 71ème au Nord de la ville. Il installe des lignes de front, de défense, de communication et de stockage, quelques fois proches les unes des autres en fonction du terrain.

L’offensive a lieu le 25 septembre 1915 en Champagne, mais aussi en Artois, avec pour objectif Thélus et Vimy (Pas-de-Calais). L’attaque est compliquée, les tranchées sont embourbées et à l’extérieur, les réseaux de barbelés freinent la progression, sans parler des tirs de mitrailleuses ennemies. Le 2 octobre c’est un repli sur Avesnes-le-Comte, puis retour à Neuville-Saint-Vaast le 6, cette position durera tout l’hiver…

(Bataille dl’Artois – Archives départementales du Pas-de-Calais)

Joseph muté le 16 novembre 1915 au 119ème Régiment d’Infanterie et son régiment de réserve, le 319ème, ont quitté l’Argonne par le train le 23 Octobre.

Le 319ème va ensuite se positionner dans le Sud de l’Oise, à Coeuvres, avant de prendre la direction du Nord, vers Tracy-le-Mont (Oise) où il arrive le 4 février. Les travaux de défense et d’abris se succèdent sous les bombardements ennemis, chaque jour des soldats sont blessés ou tués sous les bombes.

 Le 20 février 1916, Georges est déclaré tué à l’ennemi, un mois avant ses 21 ans. L’avis de son décès sera officialisé le 5 mars suivant.  

Un secours de 150 Frs sera versé à sa mère, le 17 août 1916.

Son camarade Louis SCHAUVINGER, de la même compagnie, sera blessé dans la même tranchée de Tracy-le-Mont, lors du même bombardement.

Georges LECLERCQ repose près de l’endroit où il est tombé, dans la Nécropole nationale de Tracy-le-Mont, tombe 1470.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Ailly-le-Haut-Clocher avec le prénom Georges et l’année 1915, année de ses 20 ans.

En 1921, Alfrédine est toujours agricultrice, activité qu’elle exercera jusqu’à son décès, en 1930, en compagnie de son domestique Jules DUFRANCATEL, originaire de Domart-en-Ponthieu.

Nécropole de Tracy-le-Mont

Danièle REMY et Lionel JOLY

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