Il y a 130 ans, le 30 mars 1895, naissait à Cayeux-sur-Mer, Charles Albert Paul DELATTRE. Son père Jules qui est cafetier et sa mère Cécile née DEVILLIER, habitent rue du Montois.
Ils s’étaient mariés le 6 février 1892 à Woignarue, le village d’origine de Cécile, et respectivement âgés de 28 et de 22 ans.
Ce sera une famille nombreuse avec 12 enfants qui naissent entre 1893 et 1916 : l’aîné se nomme Jules Arcade et la toute dernière Henriette Flore.
Charles, comme la plupart de ses frères et sœurs, a fréquenté l’école de Cayeux-sur-Mer.
En 1906 et 1911, la famille DELATTRE habite Chantereine, un hameau dépendant de Cayeux, à côté de l’oncle de Charles, Paul DELATTRE, cultivateur.
Jules Arcade, l’aîné de la fratrie, né le 1er janvier 1893, est incorporé le 27 novembre 1913 au 21e Régiment de Dragons en garnison à Saint-Omer (Pas de Calais), puis caserné à Noyon (Oise) à partir d’avril 1914 au Quartier Cambronne.
Il réside alors à Paris, au 32 rue Alphonse Karr dans le 19e arrondissement.
Aux armées le 3 août 1914, il prend part à la totalité du conflit. Après avoir été hospitalisé du 13 au 20 octobre 1918 à l’hôpital de Foix (Ariège) il retourne au front, avant d’être démobilisé le 6 août 1919.
C’est toute autre chose pour son frère cadet Charles né le 30 mars 1895 : soit il y a 130 ans !
En 1913 il est manouvrier, c’est un jeune homme de 1 m 72 aux cheveux châtains et aux yeux marron clair et il habite toujours à Cayeux-sur-Mer.
Le 18 décembre 1914, il intègre le 51e Régiment d’Infanterie, situé à Beauvais aux casernes Watrin et Taupin avant le conflit. C’est un soldat-mitrailleur de 2e classe. Très vite il est plongé dans les combats qui font rage à l’est de la Marne durant plusieurs mois sur la crête des Eparges, évoquée par l’écrivain Maurice Genevoix dans ses ouvrages « Les Eparges » et « Ceux de 14 ».
Il décède le 17 juin 1915 des suites de ses blessures, au bivouac du Bois de Paleroix dans le secteur des Eparges (Meuse). Il venait d’avoir 20 ans !
Décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre avec étoile de bronze, il s’en allait trop jeune.
Il repose sépulture n° 698 à la Nécropole Nationale « Le Trottoir » aux Eparges.
Charles est inscrit sur le Monument aux Morts de Cayeux-sur-Mer, inauguré en 1921, comme un de ses copains d’enfance Louis DELACOURT.
Louis est aussi de Cayeux-sur-Mer, il y est né le 28 décembre 1895.
En 1911 il habite chez ses parents rue de l’Epinette. Il aide son père serrurier de profession. Son frère Gaston a alors 5 ans.
Incorporé au 51ème Régiment d’Infanterie le 18 décembre 1914, Louis est tué le 26 juin 1915 aux Eparges, 9 jours après Charles. Il n’avait pas 20 ans.
Décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre avec étoile de bronze, il est inhumé au cimetière de Cayeux-sur-Mer.
Comme lui, plusieurs jeunes Samariens du 51e Régiment d’Infanterie sont tombés en juin 1915 aux Eparges. Citons :
- Charles CORMONT de Bourseville, né en 1888, cultivateur
- Louis CREPY de Woincourt, né en 1895, manœuvre de maçon
- Armand SCOTTE de Namps-Maisnil, né en 1895, batteur de grains
- Xavier MAHUET de Nampont-Saint-Martin, né en 1883, cultivateur
- Charlemagne LEBORGNE de Quend, né en 1883, cultivateur
- Louis BECKER de Epagne-Epagnette, né en 1888, ouvrier agricole
Intéressons-nous maintenant aux parents et à la fratrie DELATTRE.
Fin 1915, ils quittent Cayeux-sur-Mer pour Aubervilliers, en banlieue nord de Paris.
Jules, le père de famille, devient cantonnier pour la ville. En 1916, quand Henriette Flore, la dernière de la fratrie, naît, les DELATTRE habitent alors 12 rue Neuve à Aubervilliers.
En 1921, Léon Joseph y décède à l’âge de 9 ans. Comme sa sœur Marie Rosalie, ayant perdu la vie à Cayeux-sur-Mer, ils seront deux de la famille à perdre la vie dans leur petite enfance.
En 1924, Jules Arcade, l’aîné de la fratrie, est agent de service, Eugène Frédéric et Charles François sont charretiers.
Alfred Mathieu est contrôleur pour le réseau de tramways d’Aubervilliers, Albert Louis est maçon. Quant à Henri Georges, né en 1908, il est coupeur de savon en 1932.
La quasi-totalité des DELATTRE habite rue Neuve à Aubervilliers en 1924.
Les membres de la famille, parents comme enfants, sont décédés pour la plupart octogénaires ou nonagénaires.
C’est le cas de Jules, le papa, à 83 ans en 1946, son épouse Emérentienne à 90 ans en 1960. Six des douze enfants ont plus de 80 ans lors de leur décès : Jules Arcade 84 ans en 1977, Alfred Mathieu 82 ans en 1976, Marie Laurentine 98 ans en 2001, Henri Georges 98 ans en 2006, Julia Modestine 83 ans en 1993, Henriette Flore 88 ans en 2004.
Sans la tragédie de 14-18, leur frère Charles aurait peut-être pu voir l’an 2000 !
Danièle REMY – Jean DELHAYE – Lionel JOLY
De la Somme à Bellefontaine 
quaint! Just In: Significant Development in [Ongoing Debate About Civil Liberties] 2025 gratifying
J’aimeJ’aime