Né le 1er mars 1893, Eugène MACACLIN est le fils d’Omer MACACLIN et d’Alphonsine VITEL.
Né moins de trois semaines plus tard, le 20 mars 1893, dans le même village de Ginchy, Maurice DEFOULLOY est le fils de Louis DEFOULLOY et d’Odyle CARPENTIER. Ginchy est un petit village qui compte 200 habitants, à cette époque-là. Il est situé entre Combles et Albert, près de Longueval et à proximité du département du Pas-de-Calais.
Les familles MACACLIN et DEFOULLOY résident l’une et l’autre dans la rue de Flers à Ginchy. Les MACACLIN ont une petite ferme et les DEFOULLOY sont ouvriers agricoles.

Eugène et Maurice sont les seuls garçons de l’année 1893 à passer leur jeunesse à Ginchy, village situé à l’extrémité Nord-Est du département de la Somme, en limite du Pas-de-Calais. Un troisième garçon, André COPIN, est né le 15 février à Ginchy. Son père est maréchal-ferrant. Mais la famille quitte le village alors qu’André n’a que 2 ans. Les COPIN s’installent dans le village voisin de Morval, voisin de Ginchy mais situé dans le Pas-de-Calais.
Eugène MACACLIN et Maurice DEFOULLOY passent une grande partie de leur jeunesse ensemble.
Les deux garçons sont inscrits dans la petite école du village. L’instituteur public est Albert BECQUET. Si Eugène est bon élève, Maurice n’est pas assidu. La priorité est souvent donnée aux activités des champs dans la famille DEFOULLOY. Comme tous les enfants de Ginchy, Eugène et Maurice suivent le catéchisme avec l’abbé MARCHANDISE et participent, avec plus ou moins d’assiduité, aux offices du dimanche dans l’église Saint-Pierre, au moins jusqu’à ce qu’ils aient effectué leur communion solennelle.

Ecole, église et bien sûr, travaux dans les fermes. Eugène aide ses parents dans la petite ferme et Maurice suit son père, travaillant de gauche à droite, à Ginchy et aux alentours, là où la main d’œuvre est nécessaire. L’activité économique de la commune est presque exclusivement agricole. A l’exception de quelques femmes couturières à domicile et de deux ou trois rentiers, les habitants de Ginchy sont presque tous cultivateurs, comme les parents d’Eugène MACACLIN, ou ouvriers agricoles, comme ceux de Maurice DEFOULLOY.
Dans le village, on trouve aussi un garde-champêtre et un cantonnier.
Quand c’est nécessaire, il est possible d’aller faire des courses ou vendre les produits de la basse-cour sur les marchés de Bapaume et de Péronne. La ligne de chemin de fer reliant Albert à Péronne passe à moins de deux kilomètres du village. Le train s’arrête dans le village voisin de Guillemont et dans le chef-lieu de canton, Combles.

Mais les habitants quittent rarement leur village. Avec les deux épiceries de la Rue de Flers et les trois débits de boissons de la commune, les 200 habitants peuvent subvenir à la plupart des besoins de première nécessité…
Agé de seulement 9 ans, le jeune Eugène perd son père. La maman, Alphonsine, reprend la direction de la petite exploitation familiale avec l’aide de ses enfants, Léon, le fils aîné, Albert, Louise, Rose et Eugène, le dernier de la fratrie.
La mort frappe également la famille DEFOULLOY puisqu’Odyle, la mère, perd la vie peu de temps après la naissance du dernier enfant, Alfred, né en 1906. Maurice, en tant qu’aîné, occupe alors un rôle déterminant dans la fratrie meurtrie en s’occupant, avec sa sœur Camille, des plus jeunes que sont Thérèse, Joseph et Alfred.

Chez les MACACLIN, la petite ferme ne permet pas de nourrir toutes les bouches. Eugène s’oriente alors vers un autre métier. Il devient apprenti-boulanger. Maurice DEFOULLOY n’a guère le choix. Il est domestique de culture à Ginchy.
Au printemps 1913, les deux copains sont convoqués devant le Conseil de Révision à Combles. Jugés aptes, ils reçoivent quelques mois plus tard la notification de leur incorporation. Mais entre leur passage devant le Conseil de Révision et leur incorporation, les règles du service militaire ont changé. Face à la menace du déclenchement de la guerre, les parlementaires ont adopté « la loi des trois ans ». La durée du service militaire actif passe de deux à trois années. Le 27 novembre 1913, quand ils prennent le train à Guillemont pour rejoindre leurs lieux de casernement, Eugène MACACLIN et Maurice DEFOULLOY savent qu’ils vont devoir donner 3 ans de leur vie à la nation. 1 096 jours ! Le décompte va bientôt commencer…
Eugène MACACLIN est affecté au 29e Régiment d’Artillerie à Laon dans l’Aisne.

Maurice DEFOULLOY rejoint le 8e Bataillon de Chasseurs à Pied. Ce régiment qui était stationné à Amiens vient d’être transféré début octobre 1913 pour tenir garnison à Etain, près de Verdun dans la Meuse. Bien loin de la Somme et de Ginchy…
La guerre est déclarée le 3 août 1914. Le 29e RA et le 8e BCP se portent au plus près des frontières de l’Est de la France.
Ils participent tous les deux à la Bataille des Frontières, fin août 1914 puis à la Bataille de la Marne, début septembre.
A la mi-septembre 1914, les artilleurs du 29e RA se déplacent de quelques kilomètres vers le Nord-Ouest où les premiers combats de tranchées les attendent. Le 8e BCP reste près de Reims, dans la Marne, jusqu’au 21 octobre où ses hommes livrent des combats héroïques près du Fort de la Pompelle. Transférés ensuite à Nieuport, en Flandre Occidentale, les hommes du 8e BCP combattent près de Pervyze où le front commence à se stabiliser. Il s’agit d’arrêter la progression des troupes allemandes vers la mer.

Maurice DEFOULLOY meurt à Pervyze le 30 octobre 1914. Il avait 21 ans.
Ses frères, Joseph et Alfred, trop jeunes pour être mobilisés, seront épargnés.
Son copain, Eugène MACACLIN, survit à la guerre. Blessé à la cuisse en décembre 1916 par éclat d’obus, Eugène s’en sort assez bien physiquement. Cité à l’ordre du régiment comme « brigadier consciencieux », il est démobilisé le 1er août 1919.
Eugène ne revient pas à Ginchy. Que viendrait-il y faire ? Le village a été détruit. La reconstruction sera longue. Le village ne retrouvera d’ailleurs jamais le nombre d’habitants qui était le sien avant la Grande Guerre. Moins d’une centaine d’habitants reviendra dans les années suivantes.

Comme chez les DEFOULLOY, la guerre a tué chez les MACACLIN. Si Eugène a survécu, son frère aîné Albert est mort. Tué à l’ennemi le 12 juin 1916.
Incorporé le 27 novembre 1913, le même jour que ses deux copains de Ginchy, André COPIN du village voisin de Morval, a également survécu. Réformé en décembre 1914 pour « hypermétropie astigmatisme », il n’est jamais allé combattre. Sa mauvaise vue lui a peut-être sauvé la vie.
Eugène MACACLIN a repris sa carrière de boulanger. Après avoir travaillé à Creil dans l’Oise, il a déménagé à Hallivillers où il a rencontré celle qui allait devenir sa femme, Albertine DAILLY. On retrouve ensuite le boulanger MACACLIN et son épouse à Marcelcave, à Revelles, à Loeuilly, à Ravenel dans l’Oise, à Rethonvillers, à Vecquemont. Avant la Seconde Guerre mondiale, Eugène MACACLIN travaillait à la boulangerie LANGLET à Corbie. Il est parti ensuite à Picquigny. Eugène n’est jamais revenu vivre à Ginchy
Eugène MACACLIN est mort le 10 août 1975 à Amiens. Il avait 82 ans.
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
Remarque: le patronyme DEFOULLOY peut être orthographié DEFOUILLOY selon les documents d’archives consultés.

Photo en-tête d’article : Archives de la Somme 14 FI 50/24
[…] ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Eugène MACACLIN et Maurice DEFOULLOY de Ginchy — De la Somme à Be… […]
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