UN JOUR, UN PARCOURS – Gaston PÉCHON de Contoire-Hamel

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Né le 9 décembre 1893, Gaston PÉCHON est le fils de Charles PÉCHON et d’Eugénie LAMY.

Charles est originaire de Méharicourt, près de Montdidier. Eugénie est née à Proyart, dans l’Est du département de la Somme. La famille LAMY est venue s’installer à Méharicourt dans la Rue Neuve alors qu’Eugénie était encore enfant. La petite Eugénie a rencontré le petit PÉCHON, et l’amour a fait le reste.

Gaston est né à Méharicourt alors que ses parents n’étaient pas encore mariés. Il a donc porté le patronyme de LAMY pendant quelques mois avant que ses parents ne « régularisent » la situation en novembre 1894. Gaston devenait alors PÉCHON. Et même si les prénoms qui lui avaient été donnés à la naissance sont Charles Eugène Gaston, c’est bien avec le prénom de Gaston qu’il a été connu toute sa vie. Les PÉCHON vivent quelques années à Méharicourt dans la Rue de Rouvroy.

Charles, le père de Gaston, est contremaître en bonneterie chez Lucien Boullenger, à Le Hamel, une section de la commune de Contoire, section d’ailleurs plus peuplée que le chef-lieu.

Alphonse LAMY, le frère d’Eugénie, est cartonnier chez Minguet et Azoeuf, la grande fabrique de carton installée à Contoire depuis la fin du XVIIIe siècle. C’est donc dans cette commune que le frère et la sœur LAMY s’installent, dans deux maisons mitoyennes de la Rue d’En-Haut.

Gaston est enfant unique dans le foyer de Charles et d’Eugénie pendant près de dix années. C’est seulement en 1903 que naît Mariette, sa petite soeur. L’écart d’âge est bien important. Heureusement, à côté, il y a le cousin Marcel LAMY, de seulement trois ans son cadet.

Adolescent, Gaston devient apprenti-charcutier chez Degouy, à Pierrepont-sur-Avre, commune voisine et mitoyenne. Son cousin Marcel est bonnetier chez Boullenger. Les familles PÉCHON et LAMY sont très proches.

Gaston PÉCHON travaille Route Nationale à Pierrepont. Aline y habite. Elle est la fille d’Armand DETAMMAECKER, un ouvrier de la cartonnerie. La famille, après avoir vécu plusieurs années en Seine-et-Oise, près de Montmorency, est arrivée à Pierrepont. La réputation des fabriques du secteur de Pierrepont et de Contoire-Hamel a largement dépassé les frontières du département de la Somme. Il y a la bonneterie Boullenger, la cartonnerie Minguet et Azoeuf, la fabrique de boutons Himber et plusieurs petites passementeries et bonneteries. Les ouvriers viennent de loin pour trouver du travail. Aline comme ses sœurs sont ouvrières boutonnières. Jules, le frère aîné d’Aline est jardinier chez Monsieur Azoeuf.

Les DETAMMAECKER ne restent que quelques années à Pierrepont avant de repartir en Seine-et-Oise,  mais cette courte période a permis à Gaston de rencontrer Aline. C’est l’essentiel.

Quand la famille DETAMMAECKER s’en va pour reprendre une petite épicerie à Enghien-les-Bains, Gaston quitte lui aussi la Somme pour suivre Aline.

En juillet 1913, un bébé naît de leur union, dans la commune de Belloy, en Seine-et-Oise. C’est une fille. Ils lui donnent le prénom de Danielle. Les parents sont bien jeunes – Gaston a 19 ans et Aline en a 18 – mais ils ont toute la vie devant eux !

Ce bébé ne va pas exempter Gaston d’effectuer son service militaire. Le Conseil de Révision de Moreuil l’a jugé apte et l’a affecté au 120e Régiment d’Infanterie de Péronne. Gaston rejoint son unité début octobre 1913. Le 120e RI est transféré dans la Meuse. Le 9 octobre 1913, il s’installe dans la caserne Chanzy de Stenay où plusieurs bâtiments viennent d’être construits pour accueillir les nouveaux conscrits.

Trois semaines plus tard, Gaston PÉCHON bénéficie d’une permission exceptionnelle pour se marier. Il est temps de « régulariser » la situation et de permettre à la petite Danielle de porter le nom de PÉCHON. Le mariage a lieu le 30 octobre à la mairie d’Enghien-les-Bains en présence des parents d’Aline et de ceux de Gaston. Les PÉCHON ont aussi quitté la Somme. Charles est devenu directeur de fabrique à Pontoise.

Gaston repart ensuite à Stenay pour poursuivre son service militaire. Il doit trois années de sa vie à son pays. Trois années pendant lesquelles il va pouvoir réfléchir aux projets d’avenir, pour lui et sa famille.

Le 3 août 1914 la guerre est déclarée. Le 120e RI s’est préparé depuis plusieurs semaines déjà à l’éventualité d’une invasion allemande. Gaston, devenu sous-officier, sait maintenant qu’il va se retrouver à la tête d’un petit groupe de copains, non plus dans un contexte d’entraînement, mais pour de vrais combats où la mort peut s’inviter à tout moment.

Le 22 août au matin, à 7h30, en arrivant à proximité du village de Bellefontaine, en Belgique, les hommes du 120e RI sont déjà fatigués. La longue marche de la veille pour rejoindre la frontière belge, la très courte nuit dans les granges de Meix-devant-Virton et les 4 km parcourus à pied, avec les lourds sac-à-dos et fusil dans la moiteur d’un chemin enveloppé d’un épais brouillard, ont fini d’épuiser les organismes. Pourtant, l’ordre est donné de traverser la longue plaine du Radan d’un bon pas car les combats doivent avoir lieu beaucoup plus loin…

Gaston PÉCHON, comme plusieurs centaines de ses copains de service militaire, n’ira jamais plus loin que cette plaine du Radan. Les mitrailleuses allemandes sont positionnées en lisière des bois. Beaucoup de jeunes du 120e tombent avant même d’avoir pu tirer une seule balle. Gaston PÉCHON est tué. Il a 20 ans.

Jules DETAMMAECKER, le frère d’Aline a survécu à la guerre. Comme Gaston, il avait été affecté au 120e RI. Capturé en Argonne par les Allemands en novembre 1914, il a passé plus de quatre années dans les camps de prisonniers Outre-Rhin, à Giessen, à Mersburg et à Quedelinburg. Il n’a été rapatrié qu’en février 1919. Atteint physiquement et moralement, mais vivant.

Marcel LAMY, le cousin germain de Gaston PÉCHON, a été un radiotélégraphiste « consciencieux et dévoué » pendant la guerre. Intoxiqué par gaz en août 1917, il a pu toutefois s’en sortir. Après la guerre, Marcel est devenu gendarme.

Gaston n’est pas revenu, laissant une jeune épouse et une petite orpheline.

Aline PÉCHON née DETAMMAECKER, s’est éteinte en 1928, à l’âge de 34 ans.

Si à Enghien-les-Bains, sur le monument aux morts comme sur la plaque commémorative de l’église, c’est le premier prénom, Charles, qui a été gravé avec le nom PÉCHON, à Contoire-Hamel, où personne n’avait oublié le petit charcutier de Pierrepont, c’est le prénom usuel de Gaston qui est inscrit.

Plaque commémorative – Eglise Saint-Joseph d’Enghien-les-Bains
Monument aux morts de Contoire-Hamel

L.J. et X.B.

Le 1er janvier 2019, les villages de Contoire-Hamel, de Pierrepont-sur-Avre et d’Hargicourt ont fusionné, créant la nouvelle commune de « Trois-Rivières ».

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Danièle REMY a réalisé la collecte de données pour la commune de Contoire-Hamel.

Retrouvez d’autres « Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18 »   Articles « UN JOUR, UN PARCOURS » déjà parus sur notre site

PECHON, PÉCHON, pechon, péchon

Publié par

3 commentaires sur « UN JOUR, UN PARCOURS – Gaston PÉCHON de Contoire-Hamel »

Laisser un commentaire