ILS AVAIENT 20 ANS EN 1914 – Julien ASSELINE d’Andainville

Né le 21 novembre 1893, Julien ASSELINE est le deuxième garçon de la fratrie.

Ses parents se prénomment Georges et Ernestine. Georges est né à Compainville, à côté de Forges-les-Eaux. Il a passé toute son enfance à Beaufresne, petit village de Seine-Inférieure situé à une vingtaine de kilomètres d’Andainville. Jeune adulte, il est venu chercher du travail sur l’autre rive de la Bresle, et n’a pas eu de peine à en trouver. Il est garçon-meunier chez Lainé, à Inval.

Georges a rencontré Ernestine, et ils se sont mariés en 1892. Camille, leur premier enfant, est né la même année puis, l’année suivante, est arrivé Julien.

La famille réside Rue d’Aumâtre à Andainville, petite commune de 420 habitants du canton d’Oisemont.

Le village est situé sur le plateau dominant au Sud la vallée du Liger. Les arbres sont nombreux dans le secteur, donnant la matière première aux nombreux sabotiers et tourneurs sur bois présents à Andainville. L’activité principale est toutefois l’agriculture.

La famille ASSELINE s’agrandit rapidement. En huit années, la fratrie compte six frères et sœurs. Après Camille et Julien viennent Georgette, Emile, Elmire et Fernande qui naît en 1900. Le salaire du père ne suffit pas à nourrir toutes les bouches et les deux aînés doivent, à peine âgés de dix ans, commencer à se rendre utiles dans les fermes du village, moyennant une petite rétribution, souvent en nature. Cette situation est assez courante dans les campagnes et même adolescent, quand il n’y a pas de travail sur place, on n’hésite pas à quitter son village, même s’il faut quitter la maison.

Plusieurs jeunes hommes, quasiment du même âge que Camille et Julien, sont logés chez leur employeur à Andainville. Léonard HENOCQ de Frettecuisse, est domestique dans la ferme d’Alfred Leclercq, près de la maison des ASSELINE. Julien DIETTE, du Quesne est hébergé chez Victor Ternisien, Rue des Préaux. Léon CRESSENT, de Rambures travaille chez l’épicier du village, Rue de la Ville, où il bénéficie du gîte et du couvert.

Ces jeunes s’intègrent facilement dans la population. Ils restent quelques mois ou quelques années, et partent ailleurs pour trouver une meilleure situation.

Comme leur père avait quitté son village de Seine-Inférieure, les deux frères aînés s’éloignent d’Andainville pour trouver un emploi « logé, nourri ». Si Camille part à la ville pour y être employé de banque, Julien choisit de rester à la campagne.

Julien ASSELINE se rend à Camps-en-Amiénois, dans la ferme de Louis Quevauvillers, rue d’Amiens. Louis vit avec sa femme, Antoinette et sa fille Marguerite. Julien est domestique de ferme, et Alice Thiébaut, est servante. Marguerite, Julien et Alice ont presque le même âge.

Camps-en-Amiénois est un petit village agricole de 300 habitants, situé près de Molliens-Vidame. On y trouve une forge de maréchal-ferrant fabriquant surtout des instruments aratoires et un atelier de charronnage et de ferronnerie d’où sortent de nombreuses voitures suspendues, carrioles et autres chariots. Dans les maisons, 4 ou 5 métiers seulement fabriquent encore la toile dite d’emballage, alors que le tissage faisait vivre au moins une trentaine de familles par le passé.

La ligne de chemin de fer à voie étroite de la gare Saint-Roch d’Amiens à Beaucamps-le-Vieux dessert la commune. Grâce à un service organisé, les habitants peuvent déposer leur courrier postal aux trains de 11 h du matin et 6h du soir.

Contrairement à Andainville, le village de Camps n’est pas isolé. La Route nationale N°1 de Paris à Calais et la route départementale qui relie Sénarpont à Amiens  se coupent au milieu de  Camps donnant ainsi naissance à 4 voies très larges et bien entretenues au cœur du village.

Julien est toujours dans la ferme de Louis Quevauvillers quand lui parvient la convocation pour le Conseil de Révision à Moliens-Dreuil. Son frère Camille, recensé quelques mois plus tôt, est affecté au 72e Régiment d’Infanterie à Amiens. Après avoir été jugé apte, quand Julien apprend qu’il va rejoindre Camille au 72e pour y effectuer son service militaire, quitter Camps et Andainville lui paraît beaucoup moins difficile.

Julien arrive à la Caserne Friant le 26 novembre 1913 pour y débuter l’instruction militaire qui doit normalement durer trois années.

Neuf mois plus tard, la guerre est déclarée !

Le 72e RI quitte Amiens, le 5 août 1914, pour se rendre dans l’Est de la France. Il participe aux premiers combats de la Bataille des Frontières, le 22 août, près de Meix-devant-Virton, en Belgique. Par chance, le régiment positionné en soutien dans le 2e Corps d’Armée, subit très peu de pertes, essentiellement causées par des tirs lointains de l’artillerie ennemie. La vraie épreuve du feu, c’est le 6 septembre que vont la vivre les jeunes hommes du 72e RI. Ils participent à la Bataille de la Marne dans le secteur de Maurupt-le-Montois.

Julien est blessé à la poitrine par balle. Il est évacué vers l’arrière et passe de nombreux mois à l’hôpital. Camille ASSELINE est tué sur le coup. Il avait 22 ans. Julien sait-il, quand le brancard l’emmène, qu’il ne reverra plus jamais son frère vivant ?

Après la convalescence, Julien retourne au front en avril 1915. C’est avec le grade de caporal qu’il revient dans la Somme, à l’été 1916, pour tenter de repousser le front allemand. En octobre, dans le secteur de Bouchavesnes, il est blessé par balle, au genou gauche. En juillet 1918, c’est encore dans la Somme, à l’occasion de la dernière grande offensive française, qu’il est blessé à de multiples endroits du visage, puis en août, en traversant les Ardennes à la poursuite des troupes allemandes, il subit les effets du gaz utilisé par l’ennemi. La guerre est finie pour lui, mais pas les conséquences.

Démobilisé en août 1919, Julien se marie avec Delphine et part, avec elle, habiter près de Paris. Julien ASSELINE est régulièrement convoqué devant des commissions médicales militaires. Son état de santé se détériore en permanence. Les séquelles respiratoires sont multipliées en raison de la plaie pénétrante subie à la poitrine dans la Marne. Julien sera finalement réformé et pensionné à 100% pour tuberculose pulmonaire et mauvais état général.

Léon CRESSENT, l’employé de l’épicerie Lefebvre d’Andainville, a été tué le 2 septembre 1914, près de Fontaine-les-Corps-Nuds, dans l’Oise.  Léonard HENOCQ, le jeune domestique de ferme originaire de Frettecuisse, est mort à l’hôpital de Quimper en avril 1915 des suites de la maladie contractée en service. Julien DIETTE, de la ferme de la Rue des Préaux, a été gravement blessé à la jambe gauche par éclats d’obus, en juillet 1918.

La mort et la souffrance ont touché tous les villages, toutes les familles, à Andainville ou à Camps-en-Amiénois comme ailleurs.

Julien ASSELINE a vécu en Région parisienne, loin du territoire de sa jeunesse et des monuments aux morts où sont inscrits les noms de ceux qu’il a aimés.

Il est mort le 12 juin 1960.

Lionel JOLY et Xavier BECQUET

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Alain CAYEUX a réalisé la collecte de données pour la commune d’ Andainville.

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