Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 22 août 1892, Eugène DEVILLERS se prénomme officiellement Ernest Arthur Eugène.
Fils de Charles et de Félicie, Eugène voit le jour dans une petite maison de la Rue des Chapeliers, à Nesle. Après la naissance de Lucie, leur premier enfant, sont venues celle de Joseph, puis celle d’Eugène. Le père est maçon, comme l’était son propre père. La mère qui était journalière, comme l’étaient ses parents, avant la naissance des enfants, reprend rapidement son activité, tout en s’occupant du foyer et des trois enfants. Car son époux, Charles, meurt alors qu’il a à peine 45 ans.
Quand son père disparaît, Eugène n’a que 5 ans. La vie commence déjà bien mal pour lui.
Orphelin de père, il doit, comme son frère et sa sœur, travailler très jeune. Ils ne peuvent fréquenter assidument les bancs de l’école. Il faut bien rapporter quelques sous pour aider leur pauvre veuve de mère, qui enchaîne les emplois de ménagère, pour apporter un peu de bien être à sa petite famille. Eugène devient apprenti menuisier. Selon les employeurs, il peut bénéficier du gîte et du couvert. C’est toujours ça de gagné, surtout quand on n’a pas toujours pu manger à sa faim ! Son frère Joseph se fait embaucher à la distillerie de Nesle.
Joseph, de deux ans l’aîné d’Eugène, est le premier de la fratrie à être convoqué par le Conseil de Révision, à l’hôtel de ville de Nesle. Malgré un « développement musculaire insuffisant », il est jugé apte au service militaire et affecté au 42e Régiment d’Artillerie, caserné à La Fère, dans l’Aisne.
Eugène est, lui, affecté au 120e Régiment d’Infanterie de Péronne. Incorporé le 9 octobre 1913, il part directement à Stenay, dans la Meuse, où le régiment vient d’être transféré. Même si l’éloignement de Nesle est perturbant, la destination finale lui convient bien, puisqu’une partie du 42e RA où son frère effectue son service militaire, vient également de partir à Stenay.
Et que ce soit à Péronne ou dans la Meuse, le jeune Eugène ne se sent pas trop seul. Parmi tous les Neslois convoqués en même temps que lui au Conseil de Révision, 4 autres sont affectés également au 120e RI. Le voyage vers l’Est va être moins pénible, et sur place, ils pourront se serrer les coudes.
Il y a Marcellinot COMPAGNON, Louis BOILET, Marceau GORET et Charles LECLERC.
Même si les deux derniers n’habitent plus à Nesle à l’époque du service militaire, Eugène les a bien connus pendant l’enfance. Marceau GORET, devenu boucher, réside à Herly, et Charles LECLERC, l’ouvrier agricole, vit à Cappy.
A peine arrivé à Stenay, Marcellinot COMPAGNON est renvoyé chez lui, à Nesle, pour des problèmes de santé. Un de moins ! Mais ils sont nombreux les gars de la Somme, et tout particulièrement l’Est du département qui est fortement représenté dans le 120e RI. Ils se sentent tous un peu chez eux, alors que, proches de la frontière belge, la Somme est si loin.
Quand la guerre est déclarée, début août 1914, même si l’instruction militaire n’est pas terminée, dans un service militaire qui doit durer trois ans, tous ces jeunes sont jugés opérationnels par l’état-major pour se confronter aux troupes de l’envahisseur.
Le 120e RI est aux premières loges. Comme de nombreux régiments de l’Armée d’Active, c’est-à-dire constitué de jeunes hommes au service militaire, âgés de moins de 23 ans, le 120e reçoit comme mission de traverser la frontière, le 22 août, et d’aller combattre les Allemands, dans la Belgique envahie. La feuille de route du régiment est de traverser le sud de la Province de Luxembourg, au-delà de Tintigny, sur l’autre rive de la Semois, où les troupes allemandes ont été localisées.
Mais entre les positions établies le 20 août et la situation réelle du 22 au matin, il y a de nombreux kilomètres de différence. C’est bien plus près de la frontière que sont arrivés les Allemands. Pour le 120e RI, c’est dans la commune de Bellefontaine que les combats ont lieu, mais l’effet de surprise est dévastateur. En quelques heures, le régiment perd près de 1 000 hommes. Un homme sur trois du 120e n’est déjà plus en état de combattre. Au moins 400 ont perdu la vie.
Eugène DEVILLERS ne va pas plus loin. Il est au nombre des « disparus ». Pendant plusieurs années, Félicie espère le retour du fils, le pensant en captivité. Ce n’est qu’en mars 1920, bien après la fin de la guerre, en France, que l’avis officiel lui parvient, déclarant son fils, Eugène, « tué à l’ennemi », le 22 août 1914 à Bellefontaine. Eugène DEVILLERS est mort le jour de son anniversaire. Le jour de ses 22 ans …
Marceau GORET, le boucher d’Herly, a également été tué le 22 août.
Louis BOILET, gravement blessé quelques jours plus tard, le 7 septembre, au début de la Bataille de la Marne, séjournera plusieurs mois à l’hopital, avant de repartir au combat.
Charles LECLERC est mort, le 18 décembre 1914, au Bois de la Gruerie, en Argonne.
Quant à Marcellinot COMPAGNON, il a finalement été jugé apte au service armée et rappelé le 7 décembre 1914 au 120e RI. Il a dû trouver le régiment bien vide de ses copains. Fait prisonnier en mars 1915, il est mort en captivité.
Des 5 copains neslois, seul Louis BOILET va survivre. Blessé gravement à deux reprises et évacué plusieurs fois par maladie, il est le seul qui vieillira. Une blessure au mollet rendant la marche difficile, pouvant à peine utiliser le bras droit et, amputé de l’avant-bras gauche, Louis BOILET a survécu. Il est mort en août 1975, à Ham, à l’âge de 83 ans.
Joseph DEVILLERS, le frère d’Eugène, a également survécu à la guerre. Devenu jardinier, il est revenu vivre quelque temps à Nesle, avec sa mère, puis a quitté Nesle. Félicie est décédée à Nesle le 24 mars 1937. 22 ans après la mort de son fils, Eugène.
22 années à pleurer son enfant, mort… le jour de ses 22 ans.
L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. André MELET a réalisé la collecte de données pour la commune de Nesle.

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Le 22 août est une date « historique » – le 22 août 1944, soit 30 ans après… la poche de Falaise venait de se refermer sur l’armée allemande, ce fut un véritable massacre, il paraît qu’il y avait encore des cadavres qui n’avaient pas encore relevés plusieurs semaines après…
Le 22 août 1944 Paris se soulevait…..
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