Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.
Né le 6 juillet 1891, Gabriel BONIFACE aurait pu être rejointoyeur.
Adolphe BONIFACE est manouvrier. Dans la commune de Roye, à l’Est du département de la Somme, le travail ne manque pas en cette fin de XIXe siècle. Un atelier de bijouterie, deux briqueteries, une scierie mécanique, trois sucreries, dont une approvisionne la chocolaterie Meunier, et bien sûr toutes les activités agricoles du plateau du Santerre, occupent les hommes. Quelle que soit l’activité, la mécanisation est peu présente. Il faut donc des bras. Des bras comme ceux d’Adolphe BONIFACE.
Ayant perdu sa première épouse, Marie-Héloïse, Adolphe se remarie, en 1883, dans la commune d’Amy, dans l’Oise, d’où est originaire, Octavie, sa future. L’un des témoins du mariage, Emile Royez, est facteur du télégraphe dans le village.
Le couple s’installe Rue des Fontaines, à Roye. C’est plusieurs années après le mariage que Gabriel voit le jour. La famille occupe ensuite un logement Rue Saint-Médard. Arrive une petite sœur, Charlotte, et un frère cadet, Pierre, né en 1895.
En 1898, la mortalité infantile frappe la famille. Charlotte meurt alors qu’elle n’a pas encore cinq ans. Puis, nouveau drame pour Octavie, Adolphe, son mari, meurt en février 1900, la laissant seule avec ses deux fils, Gabriel et Pierre.
Les enfants n’étant pas encore en âge de rapporter un salaire, la situation est préoccupante. Amour ? Hasard des rencontres ? Instinct de survie ? Octavie rencontre Albert Fouquier et le suit pour s’installer Rue des Fontaines, dans le village de Saint-Sulpice, près de Ham. Albert est rejointoyeur. C’est d’ailleurs le premier métier que Gabriel apprend, grâce à l’aide de son beau-père.
Gabriel mesure 1,64m. Il a les cheveux marron clair.
Le jeune homme veut rapidement créer une famille. Il épouse, en avril 1911 Charlotte, une jeune fille de Saint-Sulpice et s’installe avec elle Rue du Bois. L’année suivante naît la petite Gabrielle.
Mais Gabriel n’a que 20 ans, et le moment du service militaire est arrivé. Gabriel est incorporé au 87e Régiment d’Infanterie de Saint-Quentin, dans l’Aisne. Il y arrive le 9 octobre 1913.
Dès que la guerre est déclarée, le régiment quitte Saint-Quentin, le 5 août 1914, pour rejoindre la ville de Stenay, dans la Meuse. Il cantonne à Baâlon, à l’Est de la commune. Gabriel est affecté au 1er bataillon du régiment, placé sous la responsabilité du Commandant Cussac.
Le 8 août, le bataillon se dirige vers Cervizy, au Nord, puis cantonne à Juvisy-sur-Loison. Il prend ensuite position près de Remoiville et construit des tranchées pour ralentir l’ennemi s’il arrive par le Sud de la Belgique. Les missions de reconnaissance menées dans le territoire du Luxembourg belge mettent en évidence la présence de cavaliers allemands, y compris près de la frontière française. Par contre, l’état-major français est incapable de localiser, avec précision, les troupes d’infanterie et d’artillerie. Le 16 août, le bataillon quitte ses positions pour se positionner à proximité de la frontière belge, à Herbeuval. Un mouvement important de cavalerie a été signalé à proximité de Neufchâteau, sur le sol de Belgique.
Dans le cadre de la préparation de la grande offensive programmée le 22 août, le 1er bataillon du 87e est désigné pour apporter son soutien à l’opération de reconnaissance, avec une compagnie de cyclistes et deux batteries d’artillerie, dans le Sud de la Belgique. Les officiers pensent qu’il s’agit simplement de bousculer un élément allemand à la gare de Longlier. Sans s’y attendre, les Français se retrouvent face à trois régiments allemands qui progressent rapidement. A 10 heures du matin, les Allemands occupent déjà le bas du village de Longlier et mettent le feu aux maisons. Face à l’écrasante progression allemande, les Français battent en retraite en fin de matinée. Le 1er bataillon du 87e RI est décimé. En moins de deux heures, les pertes s’élèvent à plus de 110 morts, 250 blessés et de nombreux disparus. Parmi les victimes, se trouve Gabriel BONIFACE, l’apprenti rejointoyeur de Saint-Sulpice. La guerre vient à peine de débuter et Octavie a déjà perdu un de ses deux fils.
Quand Pierre est mobilisé, le 16 décembre 1914, Octavie ne sait pas encore que Gabriel est mort. Il est considéré comme disparu, et chaque passage du facteur est guetté, avec un sentiment mélangé d’espoir et d’angoisse.
Pierre est affecté au 120e Régiment d’Infanterie, puis, en mars 1915, il rejoint le 409e RI. Blessé, Pierre est fait prisonnier le 8 mars 1916 à Vaux-devant-Damloup, près de Verdun. Il est emmené en captivité en Allemagne, au camp de Nuremberg. Pierre, comme Gabriel, est considéré comme « disparu ».
Prisonnier de guerre, le fils cadet peut ensuite, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, faire savoir à sa mère qu’il est vivant. Octavie peut reprendre l’espoir de retrouver un jour ses deux fils.
Pierre est rapatrié le 19 décembre 1918. Toutes les communes de l’Est du département de la Somme ont été détruites. La reconstruction a déjà débuté. Après 30 jours de permission, Pierre est affecté à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Il est définitivement démobilisé, le 5 avril 1921.
C’est seulement quelques jours avant, qu’Octavie a reçu, à Saint-Sulpice, la transcription du jugement du tribunal de Péronne déclarant que Gabriel a été tué à l’ennemi le 20 août 1914. Preuve de la difficulté de retrouver tous les « disparus », l’administration l’a déclaré mort à Neufchâteau, dans les Vosges, et non à Neufchâteau, en Belgique…
La petite Gabrielle ne pourra jamais prendre son père dans ses bras. Gabrielle ne vivra pas avec sa mère et son nouveau beau-père. C’est dans le logement d’Octavie qu’elle habitera, partageant avec sa grand-mère des maux d’âme si douloureux.
Pour Pierre aussi, les maux sont bien présents. Victime d’une blessure aussi bien physique que morale, Pierre est revenu avec les traces de la guerre sur son visage. Une atteinte permanente définie par l’armée comme une : « défiguration résultant de la blessure ».
La commune de Saint-Sulpice a été rattachée à Ham le 1er janvier 1966. Elle possède son propre Monument aux Morts où est inscrit le nom de Gabriel BONIFACE.
L.J. et X.B.
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. André MELET a réalisé la collecte de données pour la commune de Roye.
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