UN JOUR, UN PARCOURS – Charles LELEU, d’Ercourt

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Né le 18 juin 1893, Charles LELEU a vu le jour à Ercourt, dans la Somme.

Le père de Charles, s’appelle Oswald. Il est serrurier. Quoi de plus courante comme profession dans le Vimeu. Les serruriers à domicile ont été remplacés par les ouvriers des usines de serrurerie, mais l’activité n’a pas disparu de la région, permettant à de nombreuses familles du Vimeu de survivre.

Comme son épouse Gabrielle, Oswald est originaire d’Ercourt, petit village situé entre Gamaches et Abbeville, sur le plateau du Vimeu. La famille LELEU habite Ercourt depuis plusieurs générations.

Oswald épouse Gabrielle en novembre 1891 Ils habitent Rue de la Croix, à Ercourt. La famille s’agrandit rapidement. Le fils aîné s’appelle Etienne, puis suivront Yvonne, Charles, Flora, Stella, Julie, Cécile, Raphaël, Marcel, Roland. Quand Charles est enfant, sa grand-mère paternelle, Eliza, vit sous le même toît que lui.

Au début du XXe siècle, à Ercourt, comme dans beaucoup de villages de campagne, les noms des rues, indiquent la direction des villages aux alentours. Ainsi, ici,  on trouve la Rue de Vismes, la Rue de Behen, la Rue de Grébault-Mesnil, la Rue de Tours-en-Vimeu et la rue de Trinquies (hameau entre Huppy et Ercourt). Complétée avec la Rue de la Place, la Rue d’En-Bas et la Rue de la Croix, où habitent les LELEU, nous avons la liste complète des rues, et fait le tour du village et de ses 71 maisons.

Après avoir fréquenté l’école, plus en moins avec assiduité, les enfants LELEU se mettent en quête d’un emploi. La famille est grande et les bouches à nourrir sont nombreuses.

Etienne, le fils aîné, est serrurier avec son père. Charles travaille dans les fermes, comme domestique.

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A 20 ans, Charles passe devant le Conseil de Révision, à l’Hôtel de ville de Moyenneville. Déclaré soutien de famille, il doit quand même partir au service militaire. Il est déclaré apte et affecté au 128e Régiment d’Infanterie d’Abbeville.  Le 27 novembre 1913, il prend le train en gare de Vismes-au-Val pour rejoindre Abbeville.

Il aurait dû retrouver son frère aîné au 128e Régiment d’Infanterie. Etienne, incorporé en octobre 1911, devait poursuivre son service militaire. La récente loi Barthou, la loi des trois ans, lui imposait de faire une année supplémentaire. Une troisième année de service militaire ! Mais Etienne vient d’être réformé pour « hystérie constatée ».

Le 5 août 1914, alors que la guerre a été déclarée par l’Allemagne, le 128e RI quitte ses casernes d’Abbeville et d’Amiens pour aller dans le Nord-Est de la France, dans la Meuse.

Le 22 août, le 128e vient en appui des régiments d’infanterie qui mènent l’offensive vers les hauteurs de Virton, en Belgique. C’est dans le secteur, et plus particulièrement à Meix-devant-Virton que Charles voit tomber quelques hommes – copains de service militaire – qui ne se relèvent pas.

A partir du 23 août, l’Armée française opère une retraite vers la Marne. Pendant ce repli, le 31 août, le 128e a pour mission de ralentir la progression des troupes allemandes qui se dirigent vers Fontenoy, dans le Sud des Ardennes. Les pertes sont très importantes. La peur commence à gagner toutes les têtes. En un seul combat, Charles a vu mourir plusieurs jeunes du Vimeu. Joseph FRETE, de Bourseville, Julien VILLAIN, de Fressenneville, Marcel THERON de Saint-Quentin-La-Motte, les deux BOCQUET, Paul et Louis, de Cayeux-sur-Mer…

Quand donc viendra son tour ?

Les troupes françaises doivent empêcher les Allemands d’envahir Paris. Une grande victoire est nécessaire. La Bataille de la Marne est considérée comme une victoire française puisque les Allemands ne pouvant aller plus au Sud, se sont dirigés vers la Manche.

Du 6 au 10 septembre 1914, les pertes de l’Armée française s’élèvent à plusieurs de dizaines de milliers d’hommes, tués, blessés, prisonniers.

Charles est blessé au bras gauche d’un éclat d’obus le 10 septembre.

Avec cette blessure, la guerre est finie pour lui. Evacué, il est transporté vers un hôpital où, dans un premier temps, les médecins tentent de sauver le bras. Mais c’est l’amputation qui s’avère nécessaire. Le bras gauche est amputé au-dessus du coude. Charles a également été blessé aux jambes. Quand une commission militaire l’examinera, presque 20 ans plus tard, le constat sera fait que la flexion du genou est difficile et qu’il reste des « cicatrices multiples et adhérentes de la cuisse droite »

En décembre 1915, il est officiellement réformé et se retire à Ercourt. La guerre est bien finie pour lui, mais un autre combat commence. Malgré sa pension de mutilé, il doit réapprendre à vivre et à travailler. Un bras en moins, et les jambes abimées.

Charles rencontre une jeune réfugiée du Pas-de-Calais, Ernestine, dont le village occupé par les Allemands, a été détruit. Le couple s’installe Ruelle du Monchel, à Ercourt, où un fils, prénommé Aimé, voit le jour.

La famille quitte le village au début des années 1920. Charles devient facteur, tout d’abord à Beauchamps, près de Gamaches, puis à Martainneville, village situé sur la route Abbeville-Rouen, à proximité de son village d’Ercourt. Marcelle, Ginette, Louis viennent ensuite compléter la famille.

Charles LELEU est mort le 7 novembre 1964 à Martainneville.

L.J. et X.B.

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Marie-Hélène CABOT a réalisé la collecte de données pour la commune d’ Ercourt.

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