UN JOUR, UN PARCOURS – Florent-Rosa DAIRAINES, de Miannay

Victimes de la Première Guerre mondiale – une Somme de vies brisées par 14 18.

Né le 13 juin 1893, Florent-Rosa DAIRAINES porte un prénom plutôt original pour un garçon. C’est à Miannay qu’il a vu le jour. Au départ, ça commence plutôt mal, il est déclaré enfant naturel. Sa mère, Rose FREVILLE , fait le choix de lui donner, Rosa en deuxième prénom. Grâce au mariage de sa mère,  quatre ans plus tard, avec Florent DAIRAINES, le cordonnier du village, Florent-Rosa a officiellement un père. Grâce à la reconnaissance, Florent abandonne donc le patronyme de FREVILLE, pour devenir DAIRAINES. Et comme le prénom de son père est le même que le sien, pour éviter toute confusion, son prénom usuel devient Florent-Rosa, et même souvent Rosa.

Florent DAIRAINES, père, a connu le même début d’existence. Enfant naturel, c’est grâce au mariage de sa mère, deux ans plus tard, qu’il a été reconnu par le mari, dont il a pris le nom. Curieuse répétition d’une histoire familiale…

Miannay est un charmant village du Vimeu maritime, situé au fond d’une vallée. Il est traversé par la rivière La Trie. Une vraie rivière du Vimeu, puisqu’elle prend sa source à Toeuffles – célèbre pour sa pierre dont sont fabriquées de nombreuses croix dans le secteur – et se jette dans la Somme à Saigneville – entre Abbeville et Saint-Valery.  Miannay est également traversé par la grande route qui va d’Abbeville au Tréport, appelée la Route Nationale.

C’est dans cette rue qu’habite la famille DAIRAINES. Le père continue à exercer le métier de cordonnier, et Rose, qui était blanchisseuse, devient modiste. Un seul enfant vient compléter la famille. C’est une petite fille, prénommée Eugénie, de dix ans la cadette de Florent-Rosa.

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Florent-Rosa apprend le métier de cordonnier avec son père.

A 20 ans, Florent-Rosa se présente au Conseil de Révision, à Abbeville. Il est déclaré bon pour le service armé. Le 27 novembre 1913, il prend le train à Quesnoy-le-Montant, en direction d’Abbeville. Incorporé au 120e Régiment d’Infanterie, il devrait se rendre à Péronne, à la caserne Foy, mais le bataillon qui était caserné dans la sous-préfécture de la Somme a quitté la région depuis plus d’un mois pour s’installer à Stenay, dans la Meuse. Il continue donc le voyage vers Paris, puis vers l’Est de la France. Beaucoup de jeunes du secteur, à peine âgés de 20 ans comme lui, ont pris place dans le même train. Nombreux sont les gars du Vimeu à être affectés au 120e pour y effectuer leur service militaire.

Le 120e RI va participer, en première ligne, à la grande offensive française du 22 août 1914 en Belgique. C’est dans la plaine du Radan, à Bellefontaine, que Florent-Rosa voit tomber, à ses côtés, de nombreux copains de la Somme. Son ami, Raymond Hédin, cultivateur à Quesnoy-le-Montant, ne se relève pas.

Florent-Rosa a beaucoup de chance. Il survit à la Bataille de la Marne, à l’Argonne, aux combats autour de Verdun. Il survit également au terrible hiver, et aux conditions de vie détestables dans les tranchées de ces premiers mois de guerre. Le 25 octobre 1915, il est légèrement blessé, à Mesnil-les-Hurlus, dans la Marne, blessure qui ne nécessite même pas d’évacuation. Chanceux et courageux. Il est nommé caporal en juillet 1916. Puis sergent le 25 juin 1918. Même si personne ne sait encore que la fin de la guerre approche, Florent-Rosa commence à croire que la chance va l’accompagner jusqu’au bout. Il a vu tellement de copains tomber près de lui !

Le 8 juillet 1918, dans le Sud de l’Aisne, lançant une dernière offensive visant à chasser définitivement les Allemands du territoire français, le régiment de Florent-Rosa est soumis à rude épreuve. Florent-Rosa est blessé. Pour la première fois, après 4 années de combats et de bombardements, Florent-Rosa doit quitter le champ de bataille. Il est évacué par des brancardiers. La jambe droite a été touchée. Plusieurs balles ont perforé la cuisse. La blessure est grave.

Soigné à l’hôpital, le verdict est hélas sans ambiguïté : il faut amputer !

Florent-Rosa est réformé « temporairement » par la Commission de réforme de Caen, puis, démobilisé définitivement en juillet 1919 seulement. Il perçoit une pension de 80% pour « amputation de la jambe droite et marche avec appareil prothétique suite plaie par balle » et reçoit la Croix de guerre avec médaille d’argent.

Alors que sa famille habite à Miannay, Florent-Rosa quitte le département. Il ne sera jamais cordonnier

Il est décédé le 3 avril 1956 à Abbecourt, dans l’Oise.

L.J. et X.B.

« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme.  Marie-Hélène CABOT a réalisé la collecte de données pour la commune de Miannay.

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