Né le 11 juin 1893, Octave DARGAISSE a vu le jour à Guillemont, dans la Somme. Village qui ne compte guère plus de 400 habitants, Guillemont est un village agricole comme on en trouve beaucoup sur le plateau du Santerre. La terre est suffisamment riche pour y faire pousser, avec des rendements importants, les céréales et la betterave à sucre. Alors, toute la population travaille dans les fermes.
Encore enfant, Octave devient orphelin. Il vit alors avec sa mère, Zelmyre, et sa sœur aînée, Lucienne. Ils habitent Rue du Sac, à Guillemont.
A douze ans, Octave travaille déjà dans les fermes, comme journalier. Même s’il est le plus souvent employé par la ferme BULTEL, il lui arrive aussi de se faire embaucher ailleurs. Le faible salaire de ménagère de sa mère est insuffisant pour nourrir les trois bouches.
En 1911, Zelmyre épouse Louis LETEMPLE, de la Rue du Fond. Louis est veuf et élève seul ses quatre enfants. Louis exerce le métier de coquetier. Une nouvelle famille va se recomposer, mais pour Octave il est trop tard. Même si Henri LETEMPLE, le fils de Louis, a toujours été un copain, il ne pourra jamais devenir un vrai frère.
Quand arrive l’heure du service militaire, ils sont 6, avec Octave, à quitter Guillemont. Ils auraient dû être 7, mais Alzire COTEAU, le fils du cabaretier, a été réformé pour « faiblesse, suite appendicite et éventration ».
Octave est accompagné d’Henri LETEMPLE, son nouveau « demi-frère ».
Il y a René BONAVENTURE, orphelin de père et de mère, qui élève ses trois frères. Bien que déclaré soutien indispensable de famille, l’Armée l’envoie quand même faire son service militaire. Les trois jeunes frères savent qu’ils vont devoir se débrouiller seuls.
On trouve aussi Emile DHENIN et Alexis LEDEZ, des journaliers agricoles, comme Octave, et enfin, Georges DOLLE, le maçon.
A l’automne 1913, ils sont donc 6 à quitter le village. Ils prennent tous le train à la gare de Guillemont-Longueval.
Dès la petite gare du Santerre, les chemins vont se séparer, et avec eux les destins de ces jeunes hommes. Georges DOLLE et Emile DHENIN prennent le train en direction de Péronne. Ils sont affectés au 120e Régiment d’Infanterie. Les 4 autres partent vers Amiens, via Albert, et suivront, eux aussi, des chemins différents. Ils sont tous les 4 affectés dans des régiments différents.
Octave est incorporé au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied. Il aurait dû s’arrêter à Amiens où casernait son régiment, mais il lui faut poursuivre pour le retrouver dans la Meuse, près de Verdun. Le 8e BCP a quitté Amiens le 5 mai.
Quand la guerre est déclarée, le 3 août 1914, Octave DARGAISSE est, comme ses 5 autres copains, déjà sur place. Dans l’Est de la France, prêts à empêcher l’ennemi d’entrer sur le territoire français. Après la meurtrière Bataille des frontières, fin août 1914, l’Armée française se replie en Champagne. Octave a déjà vu tomber plusieurs hommes de la Somme à ses côtés, notamment dans les combats du 23 août à Arrancy, dans la Meuse. Dès le début de la Bataille de la Marne, Octave est blessé au bras gauche par balle. Après plusieurs semaines de soins et de convalescence, il rejoint son régiment. Bon élément, il devient rapidement caporal, puis sergent, en juin 1915. Quelques jours après cette promotion, il est plus gravement blessé. Le cou et le dos ont été touchés par des éclats d’obus, le 30 juin, à La Harazée, en Argonne. La convalescence est longue, et les séquelles suffisamment importantes pour qu’Octave ne revienne au front qu’en octobre 1916. Plus d’une année de transfert entre hôpitaux et centres de convalescence. Mais il faut repartir. Ce sera alors Verdun, le Chemin des Dames, l’Oise, et l’Aisne, au moment du repli définitif de l’Armée allemande à l’été 1918. Octave DARGAISSE est un sous-officier courageux, et il reçoit deux citations à l’ordre du régiment.
Après sa démobilisation, à l’automne 1919, Octave ne revient pas à Guillemont. Le village n’existe plus. Les combats, largement décrits par l’allemand Ernst Junger, y ont été dévastateurs. Guillemont va mettre plusieurs années à se reconstruire.
Octave revient à Combles en 1920 et s’installe à Longueval, village également en pleine reconstruction. Il est employé comme mécanicien à la râperie de la commune. Octave épouse Julienne qui lui donnera une petite fille, Ginette, en 1922.
Et que sont devenus les jeunes partis au service militaire à l’automne 1913.
Les deux copains qui ont quitté la gare de Guillemont en direction de Péronne ont été tués. Georges DOLLE, le 22 octobre 1914, et Emile DHENIN, le 1er juin 1918.
Alexis LEDEZ et Henri LETEMPLE, le « beau-frère », sont revenus indemnes, malgré de nombreuses blessures subies pendant les combats.
René BONAVENTURE, le soutien indispensable de famille, ne pourra plus jamais s’occuper de ses trois petits frères. Il est mort, le 11 août 1920, dans d’atroces souffrances, des suites d’ « éclats d’obus dans la région vésicale, bronchite suspecte et fistule anale ».
Il en manque un ! Le 7ème. Le fils du cabaretier, Alzire COTEAU, exempté suite à une éventration. L’Armée est finalement venue le chercher en mai 1917. Juste après l’hécatombe du Chemin des Dames, et l’arrivée des premières troupes américaines. Il a été incorporé dans l’Artillerie, puis, en raison de son état de santé, a été rapidement placé dans les dépôts d’artillerie. La mobilisation d’un malade comme Alzire a-t-elle été très utile à l’armée française ? Peut-être. Dans tous les cas, sa santé s’est dégradée. Démobilisé définitivement en août 1919, il est décédé le 2 janvier 1921.
Les noms de René BONAVENTURE et d’Alzire COTEAU n’ont pas été inscrits sur le monuments aux morts de Guillemont. Ils sont bien morts pour la France, mais … trop tard !
Lionel JOLY et Xavier BECQUET
« De la Somme à Bellefontaine – 22 août 1914 » – recherche collaborative 1891, 1892, 1893 – Département Somme. Ghislain FRANÇOIS a réalisé la collecte de données pour la commune de Guillemont.
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